Les Palestiniens ne sont pas une nation de mendiants
Par Ibrahim Ebeid
Les Etats-Unis et l’Union Européenne, dominés et contrôlés par le mouvement sioniste et son entité, se rabattent sur une nouvelle forme d’armes de destruction massive contre les Palestiniens, de la même manière qu’ils ont organisé un blocus mortel sur l’Irak.
Les Palestiniens sont bloqués, leur pays est en passe d’être volé morceau par morceau et ils vivent dans des réserves entourées de murs de béton et des fortifications armées sionistes, les colonies. Leurs maisons sont explosées, leurs champs et leurs oliveraies détruits ou confisqués.
En avril 2006, les Etats-Unis ont coupé toute aide humanitaire à la suite de la victoire inattendue du Hamas. En tout, 411 millions de dollars d’aides ont été annulés ou suspendus parce que cet argent aurait pu aider le nouveau gouvernement palestinien dirigé par le Hamas.
Les Etats-Unis, l’Union Européenne et d’autres donateurs ont déclaré qu’ils ne traiteraient pas avec un gouvernement dirigé par le Hamas tant que celui-ci ne reconnaîtrait pas « Israël », ne renoncerait pas à la violence et n’adhèrerait pas aux accords négociés avec « Israël » par le précédent « gouvernement » palestinien. Les Etats-Unis et l’Union Européenne ignorent les réelles victimes, en l’occurrence les Palestiniens et ils distordent tout simplement les faits et l’histoire. Ils ont ignoré que les Palestiniens n’ont jamais usé de violence contre des nations paisibles, ni envahi aucun pays, ni expulsé leur population, ni proclamé que la terre conquise leur appartenait. Ils se battent pour recouvrer leurs droits sur leur terre natale, revenir dans leurs maisons, dans leurs villes, et y vivre en paix. La lutte est légitime en regard des lois internationales et rien ne les en dissuadera. Le Hamas a été élu démocratiquement par le peuple qui vit sur ce qui reste du territoire palestinien. Les élections n’ont pas été montées comme elles le furent en Irak occupé, et ceux qui ont été élus n’ont pas été amenés par les chars des envahisseurs américains et de leurs alliés. Les membres du Hamas font partie du peuple palestinien, ils n’ont pas été importés et ne représentent aucun pouvoir ni intérêt étranger.
Le monde devrait savoir que la tragédie de la Palestine a commencé avec l’accord Sykes-Picot en 1916 et fut couronné par la création de l’entité sioniste en Palestine en 1948. Les organisations militaires sionistes ont utilisé la terreur et le sang contre les Palestiniens pour les chasser de leurs cités, villes et villages pour désarabiser la Palestine et la judaïser dans sa totalité.
William Zuckerman, l’éditeur de la « Jewish Newsletter » du 3 octobre 1960, fait une remarque intéressante. Il dit : « La fuite des arabes de Palestine, qui a créé le problème des réfugiés, ne fut ni un acte spontané, ni la conséquence de la propagande des chefs arabes, comme les sionistes le répètent. Ce fut un plan froidement calculé et exécuté par l’Irgun mais avec l’aval de la Haganah et de l’Agence juive de l’époque. »
Les massacres en Palestine ne se sont pas arrêtés avec Deir Yassin où 250 personnes ont été massacrées par Menachem Begin et son gang. Les crimes de masse ne se sont pas arrêtés en 1948 ; ils continuent aujourd’hui. Mais cette fois, le massacre du peuple palestinien est plus vicieux. Il combine le blocus mortel, le vol de la terre, la destruction des champs et la privation de nourriture. Les Palestiniens sont encagés dans de grandes prisons aux conditions pires que celles des camps de concentration en Europe. Les Palestiniens ne sont pas seulement menacés par l’entité sioniste mais par le Président Bush et par l’Union Européenne.
Malheureusement, la plupart des Américains et des Européens ne savent pas que la Palestine est arabe, ils ne savent pas que les « Israéliens » sont de nouveaux colonisateurs installés dans des maisons et sur une terre qui ne leur appartient pas. Ils ne savent pas que les Palestiniens ont été chassés de leurs maisons et qu’environ 6 millions d’entre eux sont des réfugiés vivant dans des camps et dans tous les coins de la planète, et ma famille en fait partie.
La plupart des gens ne savent pas qu’en 1918, les Juifs de Palestine ne possédaient que 2% de la terre et que lorsqu’ « Israël » a été créé le 15 mai 1948, les colons possédaient moins de 6% de terre obtenus par l’achat ou la terreur.
Plus de 6 millions de Palestiniens attendent l’exécution des résolutions des Nations Unies pour revenir dans leurs maisons et leurs villes, en Palestine historique qui s’étendait de la mer Méditerranée à la rivière Jourdain, pour établir leur Etat, pour vivre en paix, en dignité et en prospérité.
Le gouvernement des Etats-Unis, sous Georges W. Bush, veut donner 10 millions de dollars à une ONG comme aide aux Palestiniens assiégés. Nous disons à Bush que les Arabes palestiniens ne sont pas des mendiants et qu’ils n’attendent pas les miettes qui tombent de la table des impérialistes pour remplir leurs estomacs. Les Palestiniens sont très fiers, très industrieux et très créatifs. Ils avaient un pays dans lequel ils vivaient, en paix et en prospérité, jusqu’à ce que les puissances occidentales le mettent en pièces en 1916 et le donnent aux sionistes en 1948.
Les Palestiniens ont le droit d’élire le gouvernement qu’ils souhaitent pour les diriger et ils rejèteront toute solution imposée ou tout gouvernement importé. Ils ont le droit de se défendre par tous les moyens pour défendre leur terre.
La Palestine est arabe, elle s’étend de la Méditerranée au Jourdain, et nous y reviendrons, même si cela doit prendre un millier d’années. C’est notre terre, elle appartient à notre peuple, « quelques-uns sont morts, quelques-uns sont vivants mais beaucoup sont à naître ».
Droit au retour : Le pari nécessaire sur la volonté palestinienne et l'illusion du pari sur la gauche sioniste
Ameer Makhoul
Directeur d'Ittijah (Union des associations civiles arabes - Haïfa)
Du fait du déséquilibre stratégique des forces favorable à l'Etat d'Israël et défavorable au monde arabe et au peuple palestinien, le discours politique arabe a tendance à accorder une grande importance à l'opinion israélienne à tel point qu'il compte plus sur cette opinion que sur une planification arabe régionale ou palestinienne, considérant même que l'opinion israélienne est la clef de la solution attendue.
La surévaluation de l'opinion publique israélienne ne se limite pas à l'attitude officielle du monde arabe et dans une grande mesure, à celle de ses élites, mais elle est devenue une attitude mondiale. C'est pourquoi le niveau européen officiel accorde par exemple un poids plus important à l'opinion publique israélienne et à toute voix israélienne soutenant un règlement, qu'elles n'en ont, en réalité, même au niveau israélien. Cette exagération est l'expression d'une incapacité à influer et d'une décision fondamentale à ne pas prendre des mesures punitives contre Israël, mais de suivre plutôt une "stratégie de la négociation", qui n'a pas du tout prouvé son efficacité. Cette attitude européenne s'est manifestée par exemple dans le soutien financier et politique quasi-absolu à l'initiative de Genève et au document de Genève entrepris par Yossi Bilin.
Au niveau officiel arabe, cette surévaluation s'est traduite par l'appui des régimes arabes sur l'opinion publique israélienne plutôt que sur celle de l'opinion publique arabe régionale ou leur propre opinion publique, qu'ils répriment et essaient continuellement de faire taire et certains n'hésitant pas à réprimer effectivement, si elles sont hostiles à Israël et à la normalisation. L'opinion arabe est absente ou non utilisée à cause de la faiblesse de l'organisation du mouvement politique organisé et organisateur des peuples arabes.
Celui qui a le plus influé sur l'opinion publique israélienne sans s'y adresser mais en imposant une situation de fait est le Hezbollah, en dirigeant le mouvement national libanais dans le combat pour la libération du sud du Liban. L'équation de l'influence sur l'opinion publique israélienne n'est pas basée sur le fait de la convaincre ou l'attente d'un changement israélien, mais plutôt sur la création d'une réalité qui s'impose à l'opinion publique israélienne ou qui rend la société israélienne et l'Etat israélien incapables de supporter les différentes conséquences. L'influence du mouvement de quatre mères de famille, précédant le retrait contraint israélien du Sud Liban n'aurait pu avoir cette ampleur s'il avait été en accord avec les calculs de la sécurité nationale israélienne et sans la réussite du Hezbollah à créer un équilibre stratégique précis, qui n'avait pas besoin d'égaliser la force militaire israélienne, se contentant de faire payer à Israël un prix qu'il ne peut accepter. Une des manifestations de ce prix était qu'à chaque fois qu'Israël bombardait les positions du Hezbollah et agressait le Liban, les habitants israéliens de la frontière abandonnaient massivement leurs lieux d'habitation en direction du centre du pays ou de Tel Aviv.
Une autre indication à cette situation, est la leçon qu'Israël a intégré lors du plan de désengagement et du retrait de l'intérieur de la bande de Gaza, où le centre de décision israélien a voulu éviter la répétition de l'expérience du sud Liban, en refusant de donner l'occasion à la résistance palestinienne de profiter du bombardement des agglomérations du sud par les fusées al-Qassam, dont l'impact politique fut plus important que leur action explosive.
En l'absence d'une stratégie arabe et d'une stratégie palestinienne, ainsi que des constituants d'un projet politique basé sur une vision globale, l'opinion publique israélienne comptera de plus en plus, d'une manière quasi-occulte, comme si elle était salvatrice d'elle-même, du peuple palestinien et des régimes arabes. La stratégie dénommée par le président de l'Autorité palestinienne stratégie de la négociation avec Israël, est une voie qui peut avoir des conséquences désastreuses sur la question palestinienne et notamment sur le droit palestinien. La négociation peut être le produit d'une stratégie ou un constituant mais non en tant que telle, surtout quand la négociation s'appuie essentiellement sur un rapport de forces entre les parties en conflit qui négocient, en neutralisant dans une large mesure le constituant moral et la conception du droit, car elle soumet toute question et tout droit au mécanisme de la négociation et au rapport de forces, tout comme elle est soumise à la conception des concessions et des contreparties, surtout dans des questions où les ayant-droit refusent des contreparties comme le droit à l'autodétermination et le droit au retour des réfugiés, ainsi que la fin du projet colonial.
Lorsque la stratégie palestinienne est la négociation, cela implique pratiquement que les divers courants israéliens se distinguent sur la manière de négocier dans le cadre d'une unanimité israélienne conçue autour de la "sécurité et de la négociation", avec "l'absence" du partenaire palestinien, où la sécurité dans son sens strict direct et son sens de sécurité nationale devient le principal axe pour fonder la politique israélienne et appliquer la stratégie israélienne exprimée par Sharon, et actuellement par le parti Kadima, qui est la poursuite des politiques sionistes traditionnelles, soit l'imposition d'une solution définitive unilatérale.
C'est l'expression d'une faiblesse palestinienne et d'une faiblesse arabe. A mesure que l'action palestinienne et arabe s'affaiblit, augmente en puissance chaque voix israélienne de gauche soutenant le droit palestinien et arabe, même partiellement. Mais ce poids augmente dans les considérations palestiniennes et arabes et non dans les considérations israéliennes, au contraire, il devient plus marginal dans la scène israélienne. Il n'a aucune influence intérieure israélienne et n'approfondit pas la crise structurelle interne israélienne, car les constituants de la crise israélienne, au lieu d'avoir un effet intérieur, trouvent une issue arabe et palestinienne. C'est l'issue arabe pour Israël qui est le produit de la faiblesse arabe.
Par contre, d'importantes leçons peuvent être retenues en vice-versa. Elles affirment qu'à mesure que l'action palestinienne et arabe résistante et dirigée augmente, la crise interne israélienne s'approfondit et agit sur l'opinion publique israélienne, et le poids des forces israéliennes pour la paix augmente sur le plan israélien et non seulement au niveau palestinien et arabe.
Ce que je veux affirmer ici, c'est que le "mythe" de l'opinion publique israélienne est changeant, son influence au niveau arabe est liée à la faiblesse arabe et son influence israélienne est liée au renforcement de l'action arabe ou palestinienne, mise à part sur les questions considérées comme des constantes israéliennes qui recueillent l'unanimité nationale sioniste. Car il est question ici, au niveau israélien et palestinien officiel, fondamentalement, de la manière de gérer le conflit et non comment le résoudre.
C'est dans ce cadre que se pose la question du droit au retour des réfugiés palestiniens à leur patrie et leurs maisons et propriétés. Le droit au retour des réfugiés est une des questions les plus niées dans l'unanimité nationale sioniste, dans tous ses courants, sans aucune exception. Aucune divergence entre les sionistes sur son refus.
Le droit au retour est différent de la reconnaissance de la Nakba, et les deux questions ne sont pas pareilles. Le droit au retrour est également différent de la reconnaissance de la responsabilité israélienne dans la création du problème des réfugiés, et nous parlons du droit au retour et de la résolution du problème des réfugiés par le retour, et non de "solutions justes", ou "solutions sur lesquelles on s'accorde", ni même "une solution sur laquelle on s'accorde", car ces formules soumettent le droit au retour à des négociations basées sur un équilibre de forces en faveur de l'agresseur, et non en faveur de l'ayant droit, le peuple palestinien.
La position israélienne, dans tous ses courants sionistes, est clairement hostile au droit au retour des réfugiés, qu'ils soient hors ou dans le pays. L'Etat, ses appareils et institutions nationales juives ont planifié ce qui empêche structurellement le droit au retour, et tout recul politique supposé se heurtera avec force avec l'Etat, ses institutions et ses liens avec les juifs du monde, ainsi qu'avec ses lois et notamment la loi sur le retour, la loi sur la citoyenneté et les lois sur les terres, la propriété, les modalités et les mesures.
La gauche sioniste, ainsi que les forces de la paix ou les forces hostiles à l'occupation n'ont jamais abordé la loi sur le retour ni la loi de la citoyenneté, sauf selon l'angle de la discussion juive mondiale et israélienne interne sur : "qui est juif ?" soit le conflit entre les définitions données par le religieux réformiste ou le religieux fanatique. Mais la gauche n'a jamais discuté la loi sur la citoyenneté et le retour à partir de l'angle du droit au retour du réfugié palestinien ni même à partir de l'angle des droits de l'homme, étant donné que ces lois sont racistes.
Des milieux précis dans l'institution académique israélienne et notamment les courants "post-sionistes" n'appellent pas à l'application du droit au retour, mais ont commencé à publier sur les crimes commis par Israël, la purification ethnique en 1948 ainsi que la responsabilité d'Israël. Mais cela n'est pas nécessairement une attitude morale, la meilleure preuve de l'immoralité de cette attitude étant les déclarations de Benny Morris, connu pour avoir mis à jour plusieurs crimes israéliens mais qui, l'année dernière et pour la première fois, a exprimé son attitude personnelle, soit le soutien aux opérations de purification ethnique commises par Ben Gourion en tant que stratégie et condition en vue de créer l'Etat des Juifs en 1948.
La seule partie ayant réagi à Morris et à ses recherches historiques comme si elles étaient une référence morale fut la partie palestinienne, mais les parties palestiniennes et arabes se sont également comportées avec Benny Morris en tant que phénomène moral et ont adopté "la vérité" mise en avant par Morris plus qu'elles n'ont adopté celle mise en avant par tout historien palestinien ou arabe, même si la vérité (le massacre) était la même.
Le pari sur la gauche sioniste comme si elle était prête à reconnaître le droit au retour et son application est une grande illusion. La gauche sioniste et le mouvement historique travailliste sont responsables de la Nakba et de l'expulsion du peuple palestinien et de l'usurpation de la patrie en 1948. Ils ont mené à l'occupation de la patrie palestinienne, à sa destruction et à la dispersion de son peuple. Ils sont responsables de la tentative de camoufler les traces de leurs crimes historiques, ils sont responsables fondamentalement de l'occupation en 1967 du reste de la Palestine historique. Ils sont les auteurs de la stratégie démographique avec toutes ses conséquences depuis la Nakba en 1948 jusqu'au plan de "développement du Naqab et de la Galilée", plan raciste et colonial de l'an 2006. Est-ce que la gauche est-elle prête à abandonner les avantages matériels, moraux et politiques qu'il a acquis parce qu'il est juif et que lui a donné l'Etat des Juifs fondé sur les ruines du peuple palestinien qui a été expulsé et dont les richesses ont été pillées et confisquées au profit des Juifs et de l'Etat des Juifs ?
Parier sur la gauche israélienne est une illusion dans le contexte du droit au retour. La stratégie palestinienne doit s'appuyer, pour sa référence, sur le droit international, la légalité internationale et le droit à l'autodétermination, d'une part et sur la capacité et le droit du peuple palestinien à dire "non" à toute alternative au droit au retour et tout règlement qui n'inclut pas ses droits. La gauche sioniste n'est pas l'alliée à ce propos et la question n'est pas une question de mésinterprétation ou une nécessité de s'entendre ou de convaincre. La question est au centre du conflit national en Palestine. Tout comme la question avec l'opinion publique israélienne n'est pas dans la manière de négocier du côté palestinien, mais le contenu de l'action du peuple palestinien, et la définition de la nature de la période et la nature du droit au retour. La nature du droit au retour et la bataille pour le réaliser n'entrent pas dans le cadre de la construction d'un Etat sur la base de deux Etats, mais dans le cadre d'un processus de libération nationale palestinienne et le retour des fils du peuple palestinien.
Ce qui signifie que la lutte pour le droit au retour est d'abord un message palestinien interne et un message au monde pour lui faire assumer ses responsabilités, un message au monde arabe et un message à Israël disant que le droit au retour ne peut être abandonné, qu'il ne peut y avoir de fin au conflit israélo-palestinien, et que la solution des deux Etats ne garantit pas la résolution du constituant principal du conflit, qui est le droit au retour.
Pour influer sur l'opinion publique internationale, les Palestiniens n'ont pas intérêt à limiter le conflit ou tout constituant du conflit, y compris celui des réfugiés ou les Palestiniens de 48, au cercle régional israélo-palestinien, ou à accepter la parcellisation de la question palestinienne comme s'il s'agissait de questions non liées, et c'est ce que refuse la gauche sioniste tout autant que la droite.
Le pari principal doit être sur le peuple palestinien, avec toutes ses composantes, et seule la force du peuple palestinien, sa lutte de libération soutenue au niveau arabe et international peut assurer la possibilité de faire bouger la position israélienne et l'opinion publique locale incluse. Sans cette vision palestinienne globale et l'adoption de stratégies garantissant l'avancée pour sa réalisation, l'opinion publique israélienne et l'attitude de la gauche seront un simple mythe aux yeux des Arabes et stériles dans la réalité israélienne.
Le pari réel n'est pas de convaincre l'opinion publique israélienne mais d'imposer un état de fait basé sur la volonté du peuple palestinien et faisant du droit au retour le constituant fondamental dans le coeur du projet de libération palestinien, qu'il est nécessaire de formuler à nouveau sur la base du droit palestinien usurpé.
En haute Galilée, rayonnent les couleurs de la liberté... A Arraba al-Batouf, explosent les volcans du sacrifice. De notre Palestine aux belles plages, une famille noble, connue pour sa longue histoire de sacrifices, où les hommes sont des soldats et les femmes des résistantes. C'est dans cette famille qu'est née Lina Jarbouni
Lina Ahmad Saleh Jarbouni est née à Arraba al-Batouf, en 1974 dans une famille composée d'un frère et d'une soeur et des parents. Elle fait ses études de secrétariat médical, mais ne peut obtenir un travail correspondant à ses aptitudes, dans cet Etat où les Palestiniens souffrent du chômage puisque la devise du travail juif est appliquée en toute légalité. Elle travaille alors dans un atelier de couture où elle devient rapidement dans l'équipe d'encadrement.
Lamees, la soeur aînée de Lina, déclare : "Lina a très tôt assumé les responsabilités de la maison, elle assurait ses dépenses. Elle entrait souvent, les bras chargés des achats des besoins de la famille.. Bien qu'elle ne soit pas l'aînée, elle s'est beaucoup sacrifiée pour nous". Elle ajoute : "comme toute autre fille du village Arraba, qui travaillait, elle nous quittait le matin pour se diriger à son travail et revenait en fin d'après-midi. Rien dans son attitude ne pouvait faire penser qu'elle a intégré la résistance et soutenait les résistants en Cisjordanie".
C'était au moment du massacre de Jénine. Les coeurs étaient flétris par la douleur et les yeux noyés dans les larmes, alors que les écrans de télévision transmettaient le massacre du camp de Jénine, à la communauté internationale. Lina décide alors de rejoindre les résistants du mouvement du Jihad islamique. Dans le secret le plus total, elle transmets des cartes d'identité israélienne aux combattants à Jénine afin de leur permettre d'utiliser des faux pour passer en Palestine occupée. Elle fut découverte par les forces de l'occupation.
La famille de Lina décrit son arrestation : "Une force sioniste spéciale, accompagnée de chiens, a pénétré dans la maison en avril 2002, à deux heures du matin. Elle s'est mise à fouiller chaque coin de la maison, à saccager les meubles, à renverser tout sur son passage, pour rechercher "de la drogue", comme ils nous l'avaient dit à l'époque. Mais Lina fut arrêtée cette nuit-là. Deux de ses oncles, avocats, ont suivi le dossier pour découvrir que Lina a été arrêtée pour des "motifs sécuritaires", selon l'_expression des forces de l'occupation, qui ont gardé Lina, et ont interrogé tous les membres de la famille, la mère malade, le père et son petit frère.
Lamees raconte : "Lina a passé 40 jours dans les geôles de l'occupation, pour l'interrogatoire. L'interrogatoire était cruel. Nous avons été interdits de la voir, même lors de la première séance au tribunal à laquelle nous n'avons pas pu assister". Trois semaines après, Lamees a été arrêtée et emmenée dans un lieu secret. Elle a également été torturée pendant l'interrogatoire, ayant été accusée des mêmes charges que Lina. Mais elle fut remise en liberté.
La mère est malade d'insuffisance rhénale. Elle a déjà subi plusieurs interventions chirurgicales. Elle déclare : "L'arrestation de Lina a accentué mon mal, je souffre maintenant d'autres maux, et je suis triste pour elle. Malgré cela, je ne lui reproche rien, je suis fière d'elle". Elle ajoute : "Je souffre de son éloignement, ma vie est devenue un cauchemar, mais je suis sûre que Lina n'a pas commis une faute puisqu'elle a choisi sa voie, elle est intelligente, consciente, capable de distinguer entre ce qui est juste et faux".
Les parents n'ont rien dit, mais ils doivent savoir de ce dont Lina est accusée : d'avoir aidé le dirigeant du Jihad à Jénine, Thabet Mardawi, actuellement prisonnier, d'avoir falsifié des identités israéliennes, pour permettre l'arrivée des combattants en Palestine occupée.
Lina n'est pas la première à être arrêtée dans sa famille, pour avoir mis en danger "la sécurité de l'Etat hébreu", Israël. Son père est un ancien prisonnier sécuritaire, et son grand-père fut prisonnier politique et son oncle, qui était dans la résistance au Liban, a été condamné à 14 ans de prison. Une famille pour laquelle le sacrifice est une tradition. Ce n'est donc pas étonnant que Lina soit ce lionceau, s'abreuvant de la culture politique de la famille.
Lina a été condamnée à 17 ans de prison ferme. La nouvelle tombe sur la famille tel un éclair. Mais la famille loue Dieu et Le remercie, en Lui demandant de leur accorder la patience et le moral élevé, pour dépasser toutes les douleurs par la vivacité et le courage, comme Lina en prison, où sa forte personnalité a fait d'elle la représentante des femmes prisonnières du Jihad islamique, avec Qahira Saadi, leur porte-parole.
Les barreaux sionistes n'ont pas réussi à entamer la détermination de Lina, au contraire. Lina a rassemblé ses forces et ses capacités pour transformer la prison en école. Elle ne veut pas perdre son temps. Elle s'inscrit à l'université ouverte de Tel Aviv pour étudier la sociologie, et sa soeur Lamees témoigne : "Lorsque je lui rends visite, je vois dans ses yeux une force extraordinaire, elle essaie de me consoler, elle a le moral élevé, et me demande des nouvelles détaillées de tous les membres de la famille. Parfois, je m'arrête de parler et lui demande, étonnée : Lina, qui est en prison ? Toi ou moi ? Elle me répond, en riant : moi, mais mon temps est rempli, je m'occupe et je développe mon esprit, l'épreuve de la prison me rend forte, et non faible".
Lina n'a pas vu son père depuis son arrestation, il est interdit de visite parce qu'il était prisonnier. La direction de la prison de Telmond lui rend la réprime parfois encore plus durement que les autres prisonnières, car elle est considérée par l'occupation comme une citoyenne "israélienne", et en aidant la résistance, elle mérite une peine encore plus dure afin d'empêcher que d'autres suivent sa voie.
Une vague de terreur s'est emparée de la direction sioniste, lorsque l'affaire de Lina Jarbouni a été connue. Le sanguinaire Sharon avait essuyé des critiques, et des phrases du genre : "le Jihad islamique est arrivé à nos maisons et nos villages, il peut mobiliser des citoyens arabes qui vivent parmi nous", fut reprise par plus d'un sioniste à l'époque.
Lina a réussi à semer la terreur dans les coeurs de nos ennemis sionistes.
Au moment où l'occupation menait son invasion et son massacre du camp de Jénine, la résistance pointait son sabre dans les monts de la Galilée.
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