ورشة ترجمة فرنسية Une piscine sous la pluie

**Aratype** · 02-15-2009, 12:31 PM

_MD_RE: ورشة ترجمة فرنسية Une piscine sous la pluie

Puis l'homme s'est tu, après avoir hoché la tête plusieurs fois. Il n'y avait plus que le bruit de la pluie qui flottait entre nous. Un silence gêné s'est installé, qu'il était impossible de combler. J'aurais pu les faire partir en prétextant que j'étais occupée. D'ailleurs, j'étais réellement en train de peindre. Si je ne l'ai pas fait, c'est sans doute à cause de l'atmosphère particulière qu'ils dégageaient.— Il faut absolument que je vous réponde ? Je crois qu'il n'y a pas de lien entre vous, cette question, et ma réponse. Je suis là. Vous êtes en face de moi. La question flotte entre nous. C'est tout, et je ne crois pas qu'il faille y changer quoi que ce soit. C'est comme la pluie qui tombe sans se soucier de l'humeur du chien.J'avais la tête penchée et je suivais du bout du doigt le contour des taches de peinture sur mon imperméable.— La pluie qui tombe sans se soucier de l'humeur du chien, répéta l'homme à mi-voix. Juju a bâillé, la tête étirée vers l'arrière. On peut dire que c'est une réponse merveilleusement juste. Je n'ai pas besoin de vous déranger plus longtemps. Je suis vraiment désolé. Au revoir.L'homme a salué poliment, suivi du petit garçon qui a incliné la tête de manière inattendue. Puis ils ont disparu tous les deux sous la pluie. Ils s'étaient retirés simplement, sans insister ni s'attarder. Je me suis demandé pourquoi ils m'avaient rendu visite et où ils allaient, mais j'ai renoncé à y réfléchir plus avant. Je venais de me rappeler la peinture qu'il me restait à faire. J'ai remis mon imperméable, fermé la porte d'entrée. Il y avait deux flaques d'eau à l'endroit où ils s'étaient tenus.

**Aratype** · 02-15-2009, 12:32 PM

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Plusieurs jours ont passé sans que je m'en aperçoive, au cours desquels j'ai fixé les étagères à épices dans la cuisine, ciré le couloir, et aménagé des massifs dans un coin du jardin. Je m'agitais dans la maison, travaillant en silence. J'avais un tas de choses à faire, et je ne me sentais pas seule, dans la mesure où le jour de mon mariage approchait. Lorsque de temps en temps j'éprouvais le besoin de me changer les idées, je sortais me promener avec Juju.Nous nous aventurions un peu partout, marchant à la recherche de la succursale bancaire, du salon de coiffure ou du drugstore dont nous allions avoir besoin. On ne pouvait pas dire que le quartier fût animé, mais il s'y trouvait tous les magasins nécessaires pour ne pas être en peine. Nous croisions de temps en temps des vieillards qui se promenaient eux aussi tranquillement.Lorsque, quittant les rues enchevêtrées, nous avons gravi une rue en pente, nous nous sommes retrouvés sur une digue ensoleillée. C'était le début de l'après-midi et il n'y avait pas de vent. De l'autre côté de la digue, la mer, tout en longueur, se confondait avec le ciel bleu. Il y avait des cargos. Juju s'est mis à courir et sa chaîne brillait dans les rayons du soleil. Tout baignait paisiblement dans la tiédeur ambiante.Au fur et à mesure que nous progressions sur la digue, la mer allait en s'élargissant progressivement. Des mouettes volaient si près que j'aurais pu les toucher. Une voiture de la poste, rouge, nous a dépassés tranquillement.Une école primaire se trouvait au pied de la digue. Une école toute bête avec son gymnase et son bâtiment principal à deux étages en béton armé, ses étagères à chaussures et ses cabanes à lapins. Juju a soudain descendu en diagonale le talus herbeux, se dirigeant tout droit vers la porte arrière de l'école. J'ai bien été obligée de le suivre. C'est ainsi que je les ai retrouvés, debout à côté du portail.Mis à part l'imperméable, ils n'avaient pas changé par rapport à la dernière fois. Ils n'avaient aucun bagage et se tenaient par la main, immobiles. Je croyais qu'ils m'avaient oubliée, mais l'homme m'a aussitôt reconnue et m'a saluée en disant :— Excusez-nous de vous avoir dérangée l'autre jour.Ses manières étaient toujours aussi polies.— Mais non, je vous en prie.A mon tour, je l'ai salué précipitamment.Juju tournait autour de nous avec excitation. Sa chaîne produisait un bruit métallique. Le garçon ne le quittait pas des yeux.— Vous êtes en plein travail ? ai-je demandé sans trop savoir si le mot convenait.— Non, pas vraiment. Nous faisons une petite pause, répondit l'homme.Avec la pluie la fois précédente, je ne m'étais pas aperçue qu'ils portaient des vêtements convenables et de qualité supérieure. L'homme avait un costume souple d'un vert profond, tandis que l'enfant portait un gilet pure laine et des chaussettes blanches immaculées. C'était, en ce début d'après-midi et dans ce quartier excentré, une tenue assez voyante.— C'est un joli chien.— Je vous remercie.— Comment s'appelle-t-il ?— Juju. Votre fils est mignon lui aussi.— Je vous remercie.— Quel âge a-t-il ?— Trois ans et deux mois.

**Aratype** · 02-15-2009, 12:32 PM

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Après cet échange, je n'ai pas trouvé d'autre sujet de conversation. Un silence est passé en coup de vent. Il n'a laissé entre nous que le mot détresse. Si je n'ai pas réussi à partir avant qu'il ne prononce encore une fois ce mot, alors que je voulais le faire, c'est à cause d'une ombre fugitive dans ses yeux qui m'a retenue.Les abords de l'entrée secondaire de l'école étaient saturés de sons variés : chœur de flûtes accompagné par l'orgue de la salle de musique, sifflets et galopades dans la cour, corne de brume assourdie en provenance de la mer. Je tendais l'oreille à chacun de ces bruits, mon regard dirigé vers leurs pieds. Juju s'était couché en rond dans un endroit qui lui plaisait, à côté d'un des piliers de l'entrée.— Je peux toucher le chien ? demanda soudain l'enfant. C'était la première fois que je l'entendais parler. Sa voix était claire et transparente.— Bien sûr. Si tu le caresses à cet endroit, il sera très content.Soulagée de ce que le silence était enfin rompu, je lui ai montré comment lui caresser le cou. Les yeux fermés, Juju me léchait la joue avec sa langue rose. Le garçon lâcha son père pour tendre craintivement la main vers l'arrière-train. Ses doigts potelés disparaissaient à moitié au milieu des poils tachetés.— Vous avez à faire dans cette école ? ai-je demandé à l'homme en me tournant vers lui.— Non. Je jetais seulement un coup d'œil, d'ici, au réfectoire.Il avait prononcé lentement ce dernier mot comme s'il avait une importance particulière, les yeux rivés sur la baie vitrée qui donnait sur l'arrière de l'école.— Le réfectoire ?— Oui.Il acquiesça.Il y avait bien un réfectoire de l'autre côté de la baie vitrée. Le déjeuner venait apparemment tout juste de se terminer, car on y faisait la vaisselle. D'énormes paniers semblables à des cages, remplis d'assiettes, de bols et de cuillères, se succédaient sur un tapis roulant pour être lavés. Le rythme de défilement était aussi souple que sur un manège de chevaux de bois dans un parc d'attractions. Par endroits, il y avait des douches identiques à celles qu'on trouve dans les piscines, où les paniers s'arrêtaient quelques secondes. Ils disparaissaient alors sous les jets liquides provenant de quatre directions. Puis, à un moment donné, le jaillissement s'interrompait et le panier, tout brillant de gouttelettes, se remettait à progresser dans la chaîne.

**Aratype** · 02-15-2009, 12:33 PM

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— Il aime beaucoup cet endroit et ne se lasse pas de regarder.— Je me demande ce qui peut l'intéresser.— Je ne sais pas. Les enfants sont parfois fascinés par des choses bizarres.Je crois que c'est à ce moment-là que l'homme a souri pour la première fois. Bien sûr, il ne s'agissait pas de ce sourire caractéristique des marchands de religion, mais de quelque chose de beaucoup plus rudimentaire. C'était incontestablement un sourire, mais l'intensité du regard qui l'accompagnait le rendait aussi fragile qu'une fleur de cerisier.— Je me demande quel lien peut avoir un enfant aussi petit et aussi mignon avec un réfectoire.— Il existe peut-être un circuit étrangement complexe dont nous n'avons pas idée, murmura l'homme. L'enfant, qui s'était progressivement habitué au chien, s'amusait à lui tirer la queue et à grimper sur son dos. Les yeux fermés, Juju se laissait faire.Dans le réfectoire, le lavage continuait tranquillement. Des employés en blouse blanche, avec un masque et un calot, allaient et venaient entre les tapis roulants. Certains veillaient à l'orientation des jets d'eau, tandis que d'autres plaçaient dans le séchoir la vaisselle arrivée en bout de chaîne. Ils travaillaient rapidement et en silence, et les machines, le sol et les vitres étincelaient de propreté. L'endroit tenait plus de l'usine bien agencée pour un bon rendement que d'un réfectoire.— Finalement, il vaut mieux voir un réfectoire le matin, dit l'homme.— Vous croyez ?Nous étions adossés à la vitre, l'un à côté de l'autre.— Cela ne fait aucun doute. Le travail du matin est bien plus complexe et varié.Puisqu'il faut préparer le repas de plus de mille personnes. Mille petits pains, mille beignets de crevettes, mille tranches de citron, mille bouteilles de lait... Vous pouvez imaginer ça ? J'ai secoué la tête.— Une telle quantité d'ingrédients peut laisser rêveur plus d'un adulte.Il a essuyé la buée sur la vitre avec sa main. Elle était si près de moi que mon souffle aurait pu l'effleurer. Ses doigts étaient longs et souples.— Mille oignons, dix kilos de beurre, cinq litres d'huile à salade, cent paquets de spaghettis y disparaissent en un clin d'œil. Tout est parfaitement calculé. On a introduit ici le matériel le plus performant, il suffit donc d'enclencher le programme concernant les beignets de crevettes - je crois que la salle des commandes se trouve à l'étage - pour que les machines se mettent en route. Ce sont aussi des machines qui décortiquent les crevettes et les ouvrent en deux. C'est incroyable, vous ne trouvez pas ? Il m'a jeté un coup d'œil avant de reporter son regard vers le réfectoire. Les belles crevettes, toutes pareilles, arrivent bien étirées sur la chaîne. A un certain endroit, un couteau descend qui leur fait une belle entaille dans le dos. Il ne dévie jamais d'un pouce. Le mouvement se répète indéfiniment sur un rythme identique. Au point d'en avoir le vertige à force de regarder. Aux étapes suivantes, elles sont trempées dans la farine, l'œuf et la chapelure. Il n'y a aucun gaspillage au cours de cette opération. Tout est calculé pour qu'elles soient recouvertes uniformément. Pour finir, elles plongent dans la friture. Avec autant de docilité que si elles avaient été hypnotisées. Puis elles sont remontées d'un seul coup, au bout d'un temps merveilleusement déterminé, et se retrouvent toutes dorées à souhait, sans que l'une ou l'autre ne le soit trop ou pas assez.

**Aratype** · 02-15-2009, 12:33 PM

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Il a cligné doucement des yeux. Le lavage se poursuivait toujours. Personne ne faisait attention à nous. De la salle de musique nous parvenait cette fois-ci le son de la clarinette et du triangle.— Cette explication est claire. Je vois très bien maintenant les mille crevettes transformées en beignets alignées au bout de la chaîne.— C'est une bonne chose, m'a-t-il répondu, et il a effleuré ses cheveux. Un parfum de cosmétiques pour hommes évoquant la pureté de la couleur de la mer a flotté légèrement jusqu'à moi.— Mais je me demande jusqu'à quand ça va durer, ce travail.Les paniers arrivaient toujours l'un après l'autre.— Jusqu'à ce que les enfants sortent de l'école.— C'est de l'eau qui sort des jets ? — Le premier contient du détergent. Mais tous les autres servent à rincer. Ils sont orientés différemment pour qu'aucun endroit ne soit oublié.— Vous êtes bien au courant, dites-moi. On dirait un critique spécialisé dans les réfectoires.— Mais non.Il a esquissé un sourire timide. Tout juste un peu plus prononcé que celui qu'il avait eu un peu plus tôt.— Cela fait près d'un mois que je me trouve dans le quartier, et je viens ici une fois par jour, vous savez. Quand mon fils est de mauvaise humeur, ou quand je n'ai plus envie de continuer. Il n'y avait pas de réfectoire dans l'école primaire du quartier où j'étais avant, et je n'aimais pas ça. Sur ce point, ici c'est magnifique. De tous les réfectoires que nous avons connus jusqu'à présent, c'est celui qui vient en premier.Aucune réponse appropriée ne me venant à l'esprit, je me suis contentée d'acquiescer. Car je n'avais jamais réfléchi aux différents niveaux que pouvaient atteindre les réfectoires.J'ai demandé, en choisissant bien mes mots :— Vos activités, qu'il s'agisse de démarchage ou de prosélytisme, vous entraînent dans différents quartiers ?— Oui, on peut dire ça comme ça, a-t-il répondu de manière ambiguë.Il semblait moins disert, soudain, pour parler de son travail. J'ai pensé qu'il était sans doute plus familier du mot réfectoire que du mot détresse.Le garçon, satisfait d'avoir caressé Juju, vint se placer entre nous deux. Son gilet, au niveau du torse, était parsemé de poils. Chaque poil brillait faiblement dans les rayons du soleil.— Dis papa, c'est quoi le menu de demain ? lui demanda-t-il en le prenant par la main et en se frottant contre lui.— Des hamburgers, on dirait.— Pourquoi ?— J'ai vu qu'on sortait du hangar la machine à hacher la viande, tu sais, celle qui ressemble à une grosse machine à faire de la glace pilée. C'est pour ça que j'en suis à peu près sûr.— Ah, tant mieux.L'enfant a sautillé deux ou trois fois sur place, tandis que l'homme essuyait de nouveau la buée sur la vitre. J'ai fixé longtemps leur profil qui se reflétait dessus. Les préparatifs avançaient petit à petit. Des amis nous firent parvenir en cadeau un dessus-de-lit, des assiettes blanches prirent place sur les étagères, et les travaux de branchement de la machine à laver furent terminés. Tous ces objets attendaient avec une patiente modestie le commencement de notre nouvelle vie.

**Aratype** · 02-15-2009, 12:34 PM

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Mon fiancé est venu le dimanche pour installer un étendoir. De deux morceaux de bois qu'il s'était procurés pour pas cher, il a fait des pieux qu'il a plantés en creusant deux trous profonds dans le jardin. Il a posé dessus une perche de bambou qu'il a polie à coups de lime, réalisant ainsi un magnifique séchoir. Satisfaits du résultat, nous sommes restés un moment assis sur la véranda à le contempler.Comme nous n'avons pas les moyens de faire installer le téléphone, nous sommes obligés de communiquer par télégramme. A côté des choses importantes telles que : "Rendez-vous samedi prochain dix heures pour la préparation de la cérémonie à l'église", ou "Dépêche-toi d'effectuer le changement de domicile", il y a eu aussi un télégramme d'un seul mot, "Bonsoir". Le jour où il est arrivé, j'ai d'autant plus été remuée que je m'apprêtais justement à me coucher. Debout en pyjama dans l'entrée plongée dans la pénombre, j'ai relu la ligne au moins cinquante fois. Chaque lettre venait s'incruster au plus profond de moi. Dérangé dans son sommeil, Juju a entrouvert les yeux et m'a lancé un regard morne.Depuis cette rencontre, j'ai pris l'habitude, quand je me promène avec Juju, de marcher sur la digue qui surplombe l'entrée secondaire de l'école. Mais malgré les divers bruits provenant de la salle de musique, de la cour ou de la mer, je n'y ai jamais vu personne.J'ai eu beau épier les vitres du réfectoire du sommet de la digue, je n'ai rien pu voir. Elles étaient opacifiées par un corps gazeux, buée ou fumée, je ne saurais dire. Une fois, j'ai aperçu garé près de l'entrée un camion portant une marque de poulet à rôtir. J'ai continué à marcher sur la digue avec Juju en imaginant sur la chaîne les poulets, ailes et pattes écartées, les yeux vides levés au ciel, qui par le fait d'une mécanique bien calculée se transformaient l'un après l'autre en morceaux de poulet frit.Finalement, je les ai revus un soir, environ dix jours après les explications sur le processus de fabrication des beignets de crevettes.Le soleil donnait à la mer une couleur caramel. Tout, les vagues, les bateaux et le phare, était pris dans cette couleur. La tiédeur des rayons du soleil était emportée par le vent. Les herbes de la digue bruissaient.Ils étaient assis l'un à côté de l'autre sur des cartons abandonnés près de la vitre du réfectoire. L'enfant, qui portait un chaud bonnet de laine à pompon, balançait les jambes. L'homme, la tête dans les mains, regardait au loin.C'est Juju qui les a vus en premier. Il a agité la queue avant de descendre en faisant la culbute.— C'est Juju ! cria l'enfant d'une voix fraîche et perçante, en sautant du carton sur lequel il était juché. Le pompon se balançait sur le sommet de sa tête.— Bonjour.J'étais essoufflée d'avoir couru.— Hello.Il avait toujours son sourire.

**Aratype** · 02-15-2009, 12:34 PM

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Les cartons sur lesquels ils s'étaient assis avaient contenu des carottes. Un dessin vermillon évoquant avec fraîcheur des carottes bien mûres était imprimé sur le couvercle. Divers autres cartons s'entassaient, de calamars congelés, de crèmes caramel, de maïs ou de sauce Worcestershire.Les écoliers étaient déjà rentrés chez eux, car on n'entendait ni musique, ni cavalcade. La cour, où s'allongeait l'ombre du bâtiment scolaire, semblait baigner dans un océan de calme. Trois lapins étaient pelotonnés dans un coin de leur clapier.Il n'y avait personne non plus dans le réfectoire. La vitre d'habitude embuée était nette et transparente, et permettait de voir des détails aussi insignifiants que l'éclat de l'acier inoxydable des étagères à vaisselle, le dessin du col des blouses blanches accrochées au mur, ou encore la couleur du bouton de mise en route de la chaîne.— On dirait que le travail d'aujourd'hui est complètement terminé, ai-je dit après avoir jeté un coup d'œil, en venant m'asseoir à côté de lui.— Oui, il n'y a pas longtemps, a-t-il répondu.Juju sautait en tirant sur sa chaîne dans la petite flaque de soleil qui restait, tandis que le petit garçon tournait autour en essayant de lui attraper la queue. En face d'eux, le soleil couchant s'apprêtait à plonger dans la mer. Des mouettes volaient sans arrêt entre les mâts du port de plaisance désert.— Excusez-le d'embêter votre chien.— Mais non, regardez comme Juju est content.— Depuis quand l'avez-vous ?— Cela va faire dix ans. J'ai passé une moitié de ma vie avec lui. Alors, il occupe une place importante dans la plupart de mes souvenirs. C'est comme les photos avec la date imprimée dessus. Il suffit que je me rappelle sa taille ou le motif de son collier pour que ce qui se passait à l'époque me revienne automatiquement à l'esprit.— Je vois.Il a donné un coup de pied dans une pierre du bout de sa chaussure toute simple en cuir marron.Ensuite, nous avons parlé un moment au sujet des chiens. Je lui ai raconté ma découverte d'un chenil dans une station thermale au fin fond des montagnes, et la grossesse nerveuse d'un bichon maltais qui habitait autrefois près de chez moi. Il m'a posé toutes sortes de questions, hochant la tête avec intérêt en souriant de temps en temps.

**Aratype** · 02-15-2009, 12:34 PM

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— Quand je vois un réfectoire le soir, cela me fait penser à une piscine sous la pluie.Au moment où il a prononcé ces mots, après un silence alors que nous avions épuisé le sujet des chiens, je n'ai pas du tout compris ce qu'il voulait dire. Cela m'a fait l'effet d'un vers extrait d'un poème contemporain ou d'une de ces phrases qui ponctuent les contes de notre enfance.— Une piscine, sous la pluie ? ai-je répété, en insistant sur chaque syllabe.— Oui, une piscine sous la pluie. Vous n'avez jamais nagé dans une piscine sous la pluie ?— Eh bien... J'ai l'impression que oui, mais je me trompe peut-être.— Quand je pense à une piscine sous la pluie, je suis pris d'une nostalgie difficilement supportable.Les nuages dessinaient dans le ciel des motifs flous de couleur rose. Le soir qui venait de la mer s'installait entre nous. Son profil était proche. J'en suivais le contour du regard, et je pouvais sentir directement son souffle, les battements de son cœur et la température de son corps. Il a eu une petite toux et a effleuré de l'index quelques cheveux sur sa tempe avant de continuer :— Comme je ne savais pas nager, l'heure de piscine à l'école primaire était très difficile pour moi. A tel point que je peux dire que c'est là que j'ai eu un avant-goût des épreuves qui m'attendaient à l'âge adulte. La peur, tout d'abord. L'eau qui aurait dû couler tranquillement, dès lors qu'elle remplissait un récipient appelé piscine, pesait de tout son poids sur le corps jusqu'à l'étouffer. C'est terrifiant. La honte, ensuite. Ceux qui ne savaient pas nager étaient affublés d'un bonnet de natation rouge. Ils flottaient isolés au milieu des bonnets ordinaires blancs à rayures noires. Puisqu'on ne savait pas nager, ils flottaient çà et là sur l'eau. Je mettais toute mon énergie à montrer que je savais nager. Je souhaitais ardemment me faire remarquer le moins possible. C'est de la piscine que je tiens cette volonté farouche.Il a inspiré profondément avant de fermer les yeux. Après avoir joué son content, Juju était allongé de tout son long, le museau appuyé sur les pattes de devant, tandis que l'enfant était accroché à son cou comme s'il se prélassait sur un canapé.

**Aratype** · 02-15-2009, 12:35 PM

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— Et le spectacle de la piscine par mauvais temps était encore plus désolant. La pluie qui avait mouillé le rebord n'en finissait pas de sécher et formait des taches sombres. La surface de l'eau, sous l'action des gouttes qui tombaient, semblait être agitée par une multitude de petits poissons attendant leur nourriture. Je m'y immergeais lentement. Autour de moi, les élèves de ma classe s'éloignaient les uns après les autres à la nage. Des gouttes de pluie mêlées d'éclaboussures tombaient sur mes épaules et mon dos si fragiles. A cette époque, j'étais de constitution assez délicate. Bien sûr, mes côtes et mes clavicules étaient saillantes, mais aussi mes hanches et même mes fémurs. Mon maillot de bain plissait lamentablement au niveau des fesses. J'avais froid quand il pleuvait, même en été. A la pause, je tremblais derrière le robinet qui sert à se rincer les yeux. J'avais l'impression que les os de mon corps s'entrechoquaient. Quand l'heure de piscine se terminait enfin et que j'enlevais mon bonnet de bain, mes cheveux étaient régulièrement teintés de rouge.Après s'être tu pendant un moment, il a repris, en déchirant le papier adhésif qui restait sur le carton :— Je suppose que cette histoire ne vous intéresse pas.— Mais si, lui ai-je répondu franchement. Vous n'en êtes encore qu'à la piscine sous la pluie et vous n'êtes toujours pas arrivé au réfectoire le soir, n'est-ce pas ? Alors soyez responsable et allez jusqu'au bout !Nous nous sommes regardés en riant à voix basse. Dans le clapier, l'un des lapins nous regardait en mastiquant une feuille de chou.— On ne me persécutait pas forcément parce que je ne savais pas nager. Non, je n'ai aucun souvenir de ce genre. En fait, c'est un problème qui me concerne personnellement. Je crois que tout le monde fait au moins une fois dans sa vie l'expérience d'une sorte de rite de passage qui lui permet de se mêler au groupe, et il se trouve que par hasard cela m'a pris beaucoup de temps. Je suis sûr que c'est ça.— Il me semble que je comprends, ai-je dit sans quitter des yeux son profil. Le soleil couchant était venu doucement l'envelopper.— Et quand je vois un réfectoire le soir, c'est l'angoisse de cette époque où le rite de passage a pris si longtemps qui me revient. Mais cela n'explique rien, n'est-ce pas ?Il a baissé la tête, et donné encore une fois un coup de pied dans un caillou. La vitre du réfectoire commençait à s'embuer légèrement. La chaîne, à l'arrêt, formait un cordon de silence. Les jets d'eau, les paniers entassés dans un coin, le fond des récipients rangés sur les étagères, tout était sec. Pas le moindre reste qui aurait pu faire penser à un repas animé de réfectoire.Les yeux fixés sur le réfectoire si calme qu'il en était froid, je me suis représenté le bruit de la pluie tombant sur le toit de tôle ondulée des vestiaires, des jambes frêles s'agitant au fond de la piscine comme des poissons sur le point de mourir, et un garçon tremblant en silence, ses cheveux rougis dissimulés sous une serviette de bain.

**Aratype** · 02-15-2009, 12:35 PM

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Ces images se découpaient à la suite sur la vitre du réfectoire. Il a ajouté :— C'est à la même époque qu'un autre phénomène important a fait son apparition. Je ne pouvais plus manger.— Ah, et pourquoi ?— Peut-être à cause de plusieurs raisons, les complexes dont je souffrais, mon caractère timide, ma famille et que sais-je encore ? Mais la cause directe en a été le réfectoire.— Nous y arrivons enfin.— Oui. Un jour j'y ai jeté un coup d'œil en fin de matinée. Je ne sais pas pourquoi j'étais là à une heure pareille, ni ce qui s'était passé avec les cours, mais le fait est que je me suis trouvé dans l'entrée de service du réfectoire à un moment où tout le monde était occupé à la préparation du repas. Jusqu'alors, je n'y avais jamais vraiment prêté attention...J'écoutais attentivement, n'ayant aucune idée du tour qu'allait prendre la conversation.— Comme cela date d'il y a vingt-cinq ans, le réfectoire était complètement différent de celui-ci. Il était en bois, vieux, sombre, exigu. On aurait dit une étable. Je m'en souviens encore très bien. Il y avait au menu de la blanquette et de la salade de pommes de terre. Le premier choc a été l'odeur. Une odeur comme je n'en avais jamais sentie jusqu'alors, lourde et étouffante. Cela aurait pu être n'importe quel effluve tout bêtement désagréable. Mais la différence essentielle se trouvait dans le fait que l'odeur de la nourriture que j'allais manger était imprégnée de celle du réfectoire. Les odeurs générées par une grande quantité de blanquette et de salade de pommes de terre fusionnaient avec celle du réfectoire avant d'être dénaturées par la fermentation.Je me suis enfoncée dans mon carton. Juju avait dressé ses oreilles pointues. L'enfant, toujours accroché à Juju, ne bougeait pas comme s'il s'était réellement endormi.— Le spectacle qui se déroulait sous mes yeux dépassait tellement l'imagination, malgré son aspect vivant et concret, qu'il en devenait irréel. Les femmes qui travaillaient là avaient toutes de l'embonpoint et leurs chairs débordaient disgracieusement de leurs manchettes et de leurs bottes en caoutchouc. Leur corpulence était telle que, plongées dans une piscine, elles auraient sans doute flotté sans aucun problème. L'une d'elles brassait la blanquette avec une pelle. Une pelle en métal comme celles qu'on utilise pour les travaux de voirie. La grosse femme, le visage rouge et luisant, remuait sa pelle, un pied sur la bordure de l'énorme récipient, comme si elle s'était trouvée au bord d'un lac. Dans le ragoût blanchâtre apparaissaient et disparaissaient la pelle rouillée, la viande filandreuse, les oignons et les carottes. Le récipient voisin était rempli de salade. Une autre femme était dedans, à piétiner les pommes de terre pour les écraser. Avec ses bottes de caoutchouc noir. A chaque piétinement, elle laissait dans la pomme de terre l'empreinte de ses semelles. En se superposant, celles-ci finissaient par constituer des dessins alambiqués.

**Aratype** · 02-15-2009, 12:36 PM

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Il a toussé avant de poursuivre :— J'étais figé sans même cligner des yeux. J'aimerais bien pouvoir dire le sentiment que j'ai éprouvé alors, mais je n'y arrive pas. S'il s'agissait d'une scène pouvant être expliquée avec des mots ordinaires exprimant la peur ou le dégoût, je l'aurais certainement oubliée depuis longtemps. Mais avant d'être envahi par des sentiments, j'ai été happé par des images étranges de vapeur tiède et tremblante, de gouttes de blanquette tombant du bout d'une pelle, ou de marques de bottes s'enfonçant dans la pomme de terre écrasée.— C'est à la suite de ça que vous ne pouviez plus manger ? lui ai-je demandé tranquillement, comme pour vérifier la ligne conductrice de son histoire. Il a acquiescé.— Le bruit de la vaisselle en Alumite qui s'entrechoque ou de la cavalcade dans le couloir des responsables de la cantine suffisait à me restituer chacune de ces scènes. J'étais dans un état épouvantable. Pour moi, la cantine avait maintenant la même signification que la piscine. De la même manière que mon corps s'enfonçait malgré mes battements de bras et de jambes, j'avais beau essayer de me forcer à avaler les repas à la cantine, j'en étais empêché par les grosses femmes, la pelle et les bottes de caoutchouc. Un matin, incapable de le supporter davantage, je ne suis pas allé à l'école, et j'ai marché au hasard dans les rues avec mon cartable sur le dos. C'était justement un jour où nous devions aller à la piscine. Je marchais en donnant des coups de genou dans le sac en vinyle qui contenait mon maillot de bain et mon bonnet rouge. J'ai eu moi-même l'impression d'avoir déambulé assez longtemps. Mais en réalité, mon grand-père m'a retrouvé au bout de deux heures.— Alors il vous a ramené à temps pour la cantine.— Non, justement. Mon grand-père n'était pas du tout en colère et je crois qu'il n'avait aucunement l'intention de me ramener à l'école. C'était un ancien tailleur plutôt doué, qui s'est mis à boire après sa retraite, semant le trouble autour de lui, si bien que la famille le considérait comme un gêneur. Il se battait, dormait au bord de la route, détruisait les panneaux de signalisation. Alors ce jour-là, il n'était pas particulièrement à ma recherche, il marchait au hasard, ayant bu depuis le matin. Il a semblé surpris de me trouver là, puis il a dit que c'était une bonne occasion, qu'il allait me montrer un endroit secret, et m'a entraîné encore plus loin.Je n'étais pas très à l'aise avec ce grand-père dont l'haleine était chargée de saké et les mains, sous l'effet de l'alcool, rêches au toucher. Mais ce jour-là, je me suis collé à lui et je l'ai suivi, serrant sa main très fort. Il tenait une canette de bière et marchait en buvant une gorgée de temps en temps.Nous sommes arrivés aux abords d'une zone d'entrepôts dans les faubourgs de la ville et j'ai aperçu les ruines d'un bâtiment à structure métallique terriblement vieux. "C'est là", m'a dit mon grand-père en me le montrant avec sa canette. Cela ressemblait à une vieille usine désaffectée. Les plaques métalliques des murs, des portes et du toit étaient arrachées un peu partout et l'on sentait à l'intérieur le vent la traverser de part en part. En levant les yeux, on voyait par endroits des morceaux de ciel qui semblaient avoir été découpés aux ciseaux.

**Aratype** · 02-15-2009, 12:36 PM

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Sur le sol il y avait au moins trois centimètres de poussière mélangée à de la rouille. Cela crissait sous les pieds au moindre mouvement. Et il y avait tout un bric-à-brac par terre. Des écrous hexagonaux ou quadrangulaires, des ressorts, des piles électriques, des bouteilles de limonade vides, une Katioucha en celluloïd, un ocarina, un thermomètre... Tout un tas de choses tombées sur le sol sommeillaient là.Il y avait en outre plusieurs machines d'apparence robuste. Elles aussi étaient couvertes de poussière et de rouille. Il y avait même un panneau échoué un peu plus loin, qui vantait les mérites de la propreté et de la sécurité avant tout."Mets-toi là", m'a dit mon grand-père en me faisant asseoir sur le socle d'une machine d'où dépassaient des leviers et des boutons de commande. On aurait dit une grosse presse ou un vieux modèle d'essoreuse, mais en tout cas, elle n'était rien d'autre qu'un gros bloc de métal qui ne donnait pas l'impression d'être sur le point de se mettre en marche. J'ai accroché mon sac en vinyle à l'un des leviers.Mon grand-père, sa quantité de bière diminuant, jetait de temps en temps un coup d'œil par l'ouverture de la canette et buvait sur un rythme de plus en plus lent."Tu sais ce qu'on fabriquait ici autrefois ?"Quand il parlait, un peu de mousse s'échappait de ses lèvres. J'ai secoué la tête avec énergie, soulagé parce qu'il ne me demandait pas de justifier mon absence de l'école."Du chocolat", m'a-t-il répondu avec satisfaction. "Du chocolat ?""Oui, on verse du cacao, du lait et du sucre dans la machine que tu vois là-bas dans le coin, et on mélange le tout pour fabriquer la pâte liquide de chocolat. Quand celle-ci arrive à la machine suivante, elle a un peu refroidi et elle est devenue comme du caramel mou, et quand enfin elle passe sous ce rouleau, elle se transforme en une énorme plaque de chocolat."Mon grand-père donnait des petits coups de pied contre le socle sur lequel j'étais assis."Une plaque gigantesque, tu sais, qui se déroule sur la largeur de deux tatamis tant que la machine est en marche. Et ce n'est rien que du chocolat.""C'est vrai ?"J'étais tout excité par cette histoire qui présentait le chocolat comme dans un conte de fées."Oui, et si tu crois que je mens, tu n'as qu'à sentir."

**Aratype** · 02-15-2009, 12:37 PM

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Je me suis mis debout sur le socle et j'ai approché mon visage du rouleau. J'avais les yeux mi-clos pour mieux humer. Immobile, les deux mains posées sur le rouleau, j'étais merveilleusement bien, baignant dans quelque chose de grand. Au-delà du ciel stridulaient des cigales.Au début, je n'ai senti qu'une odeur métallique. Une odeur terne, sans onctuosité. Mais j'ai insisté, les yeux toujours à moitié fermés, et un parfum doux, plein de tendresse, est arrivé d'un monde lointain jusqu'à moi, comme dans un rêve."Alors ?" demandait mon grand-père."C'est vrai, tu as raison."Je suis resté encore un peu appuyé contre le rouleau poussiéreux."Si tu as envie de manger du chocolat, tu peux venir ici n'importe quand. Ce rouleau en a tellement fabriqué que ce n'est pas parce que tu viendras le sentir de temps en temps que cela lui fera quelque chose."Mon grand-père, qui venait de terminer sa bière, a jeté la canette vide sur le sol. Elle a produit un son creux avant de se mêler au bric-à-brac existant. Je me suis rendu compte qu'il n'avait plus d'argent pour s'acheter de l'alcool. On ne lui en donnait jamais assez de peur qu'il ne boive trop. J'ai pris dans mon cartable l'enveloppe contenant l'argent du voyage de classe que j'aurais dû donner au maître ce jour-là."Tu peux acheter du saké avec ça."Je lui tendais l'enveloppe, toujours assis sur le socle. Mon grand-père m'a dit merci en plissant le bord de ses yeux rougis.

**Aratype** · 02-15-2009, 12:37 PM

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Quand sa longue, très longue histoire s'est terminée, le soir était venu nous envelopper de sa pénombre. Les contours de son profil s'apprêtaient à être aspirés au fond de l'obscurité. Le petit garçon appuyé contre Juju était immobile et silencieux, pareil à une ombre.J'avais envie de lui dire quelque chose, et cela me pesait douloureusement sur la poitrine. J'avais l'impression que si je restais silencieuse, son profil allait réellement disparaître.— Il n'y a pas de suite à cette histoire ? ai-je dit en prononçant chaque mot avec précaution.— Non.Les cheveux de sa frange tremblaient imperceptiblement.— Mais comment ça s'est passé par la suite au réfectoire et à la piscine ?— C'est très simple à expliquer. Ensuite, j'ai tout bêtement appris à nager. Puis mon grand-père est mort d'une tumeur maligne. C'est tout.Nous nous sommes levés après un moment de silence passé à contempler la tombée du jour. Le temps resté en suspens reprenait soudain son cours, et il y eut un coup de vent.— Allez, on rentre.L'enfant ouvrit les yeux en entendant son père et battit plusieurs fois des paupières comme s'il voulait voir la suite de son rêve. Juju lui caressa la joue du bout de sa queue.— Vous croyez que nous nous reverrons un jour par ici ?J'ai pris la chaîne de Juju dans ma main. — A partir de demain, je suis affecté à un nouveau secteur. Dans un quartier plus important au pied de la montagne. Il a pris la main du petit garçon qui arrivait en courant. Nous devons dire adieu au réfectoire.De l'autre côté de la vitre, celui-ci était en train de disparaître lentement, comme s'il s'engloutissait dans un marais.— Ce serait bien s'il y en avait un beau là où vous allez.Au lieu d'acquiescer, il a souri avant de me dire au revoir.L'enfant a agité la main en direction de Juju, tandis que le pompon de son bonnet oscillait.— Au revoir.Moi aussi, j'ai agité la main.Ils se sont éloignés dans le peu de lumière qui restait. Nous les avons regardés partir, Juju et moi, jusqu'à ce qu'ils ne fussent plus qu'un point avant de disparaître au loin. J'ai eu envie, soudain, de relire encore une fois le télégramme qui me disait bonsoir. Le toucher du papier, la forme de l'écriture et l'air nocturne me revenaient d'un coup, sans qu'il y ait eu de signe avant-coureur. J'avais l'irrésistible envie de le lire et de le relire jusqu'à ce que les syllabes du mot soient entièrement liquéfiées. J'ai serré fermement la chaîne et je me suis mise à courir dans la direction opposée. Elle serait à tout jamais froide au creux de ma main.

**Aratype** · 02-15-2009, 12:42 PM

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هذه هي الأقصوصة مقسَّمة إلى مقاطع، والمطلوب من المترجم العمل على مقطع كامل.يمكن حجز المقطع بوضع رقم المشاركة بحيث لايترجم المقطع مرتين.لاداعي لوضع النص الأصلي مع الترجمة، يكتفى بوضع رقم المشاركة فقط...بما أننا هنا مع نص أدبي فتُرجى مراجعة الترجمة قبل وضعها على الموقع النص مأخوذ عن كاتبة يابانية شابة تعدُّ أحد أعلام الأدب الحديث في اليابان، ولم يسبق أن يترجم لها شيء في العربية وإلى أقلامكم الجريئة...

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إحصائيات Arabic Translators International _ الجمعية الدولية لمترجمي العربية